Les 3 duans

Qu’est-ce que la forme ?

Longue et lente succession de mouvements codifiés avec précision l’enchaînement ou la forme, spécifique à chaque école (Chen, Wu, Yang nouveau et ancien style, …) se divise généralement en 3 séquences ou Duan se succédant et préfigurant le ternaire : Terre, Homme, Ciel.

"Porter le tigre sur la montagne" (illustrations de Patrick Vaidie)
« Porter le tigre sur la montagne » (illustrations de Patrick Vaidie)

Sa pratique régulière développe : souplesse, puissance, coordination, harmonie, attention, conscience et quiétude. Les séquences se déroulent comme  » un long fleuve qui coule paisible et puissant « . Elles s’enchaînent comme  » le fil de soie tiré d’un cocon  » : sans heurt ni interruption, rythmées par la respiration, la fin d’un mouvement générant le suivant. L’enchaînement transmis à l’INPACT est celui de la Vieille Forme de l’école Yang, transmise par Maître WANG Yen-Nien qui en est le doyen (YANGJIA MICHUAN TAIJI QUAN). Il se compose de 3 Duan ou parties :

  • 1er Duan : composé de 35 séquences, durée : 7 à 8 mn (un an d’apprentissage environ).
  • 2ème Duan : composé de 71 séquences, durée : 15 à 20 mn (un à deux ans d’apprentissage environ).
  • 3ème Duan : composé de 112 séquences, durée : 30 à 35 mn (un à deux ans d’apprentissage environ).

La totalité de la forme nécessite donc entre 3 et 5 années d’étude pour la mémorisation des séquences et l’assimilation d’une bonne coordination.

Il existe, par ailleurs, un enchaînement d’une dizaine de minutes qui synthétise l’essence du Taiji Quan. Il est appelé : l’enchaînement des 13 postures (Shi San Shi).

Quand Christian nous dit…

À travers les histoires qui nous sont personnelles : aventures, découvertes, rencontres, joies et épreuves, notre être profond est toujours présent et nous offre la chance d’évoluer.

C’est dans le quotidien, que peut s’inscrire la pratique du taiji quan: la recherche jamais aboutie de la forme. La quète du geste juste alimente l’évolution de notre être. A travers la juste utilisation de notre corps naît la transformation de l’esprit. A l’inverse, l’esprit épuré permet, par sa force intrinsèque et grâce à l’intention, de peaufiner le geste, et la prise de conscience de la verticalité à partir de l’horizontalité des plans que sont le sol et le regard.

Les forces de gravité peuvent alors jouer leur rôle de transformation à travers le travail fournit pour la vaincre. De l’union des forces descendantes et montantes à travers les spirales physiques, physiologiques et énergétiques concrétisées dans nos cellules et notre corps physique nait alors une alchimie de purification qui nous ouvre l’accès à de nouveaux plans de perceptions.

Puis, intervient le mouvement: dérouler une forme immuablement identique peut paraître ennuyeux. La répétition est source de créativité.

Dérouler la forme, est comme une purification du corps. L’ensemencementr d’un renouveau au coeur de chacune de nos cellules. Dérouler la forme, c’est à la fois se laisser guider, conduire avec attention chaque espace de temps et le savourer en unité. Ce n’est pas la dissolution de l’être dans l’infini mais la prise de conscience de cette plénitude dans sa chair, son souffle, son esprit et sa réalisation en tant qu’être humain et social.

Ce qui importe dans le processus de répétition de la forme, ce n’est pas la succession de mouvements, mais la transformation de l’énergie d’un mouvement dans le suivant. Comprendre le champ d’énergie qui sous tend une forme et non la forme proprement dite permettra le développement d’une grande liberté corporelle.

La forme est une encyclopédie de techniques, un patrimoine qui se transmet à travers les générations. C’est un guide dont la répétition, comme une prière, développe la prise de conscience profonde de la fluidité, de la continuité, du déroulement d’un cycle régénérateur et créateur. Cette répétition permet l’expression du juste et ainsi nous prépare à plus de conscience. A travers la répétition consciente de la forme, chaque fois au plus juste, nous devenons l’architecte de notre propre construction.

Réflexions sur la notion de transfert

Le transfert d’une position à une autre est certainement la phase la plus difficile dans la pratique de la forme. La réaliser de façon juste, c’est préparer la façon d’on l’on passe d’une situation à une autre.

Il ne suffit pas que la posture soit juste et forte, encore faut il pouvoir passer d’une position à une autre avec équilibre et agilité, sans perdre équilibre et enracinement. La mise en conscience de ce « vide » entre deux mouvements est l’un des axes essentiels de recherche.

Le transfert se fait toujours en deux étapes :

La première est la recherche du pilier et de sa relation avec la terre. Le positionnement sur le pilier de rotation ou de transfert ou de rebond est essentielle car c’est dans cette phase que s’opère l’absorption de la poussée (ou la prise d’impulsion dans l’attaque) et sa transformation en l’annulant dans le sol.

Ainsi il est dit : « Il faut planter la hampe du drapeau, pour que le drapeau puisse flotter dans le vent ». La signification de cette petite phrase est claire : pour faire flotter le drapeau dans le vent, sans qu’il s’envole, il est important d’en planter solidement (c’est l’enracinement) et verticalement (c’est la posture juste) la hampe dans le sol.

Premier festival du Yangjia Michuan - Strasbourg (1995)
Premier festival du Yangjia Michuan – Strasbourg (1995)

Nous retrouvons ce principe dans la pratique: le vent représente la poussée, la hampe est notre axe, souvent la jambe arrière, mais aussi la jambe avant en cas d’expression, qui se plante dans le sol par l’intermédiaire du talon (à l’aplomb des malléoles des chevilles).

La stabilité au sol est essentielle ainsi que la répartition de notre polygone de sustentation représenté par la position de nos pieds au sol ainsi que l’axe de notre corps. La répartition du poids du corps entre l’avant et l’arrière, le jeu des voûtes plantaires est essentielle dans notre stabilité. Mais ceci fait partie d’une autre étude.

L’on s’imagine souvent que notre lien au sol est descendant. La dynamique du déplacement est un jeu de pressions alternées de nos pieds vers le sol, ce qui engendre des forces montantes, parfois simultanées qui, se rencontrant au périnée sont dynamisées par le sacrum et le mécanisme cranio sacré vers le haut du corps et les bras.

Le déroulement de la forme est une alternance de mouvements spiralés descendants et montants: flexion/extension de la jambe arrière au sol qui induisent les rotations de la taille et de tout l’édifice corporel.

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